Communauté grecque des Alpes-Maritimes

Projection du documentaire le Quai de Angelos Kovotsos

Le Quai, un documentaire d’Angelos Kovotsos tourné à Izmir et à Athènes, était basé sur le livre primé de l’Académie d’Athènes « The Waterfront of Smyrna » de Giorgos Poulimenos et Achilleas Hatzikonstantinou (Capon Publishing). A travers les images de Smyrne d’hier et d’aujourd’hui, mais aussi à partir des souvenirs des descendants de l’ancienne Smyrne et des commentaires des auteurs du livre, on se remémore avec nostalgie la Smyrne d’avant 1922.

https://youtu.be/XBoflygBTcw//

Les auteurs Giorgos Poulimenos et Achilleas Hatzikonstantinoudans dans le « The Waterfront of Smyrna » enquêtent sur la période dite « l’ âge d’or de Smyrne »,  cinq décennies de 1875 à 1922. En suivant les auteurs, nous entrons dans les bâtiments, nous vivons l’histoire , on en apprend sur les habitants et on découvre la vie de cette ville multiculturelle.

La fin de Smyrne

Du cosmopolitisme aux nationalismes  Hervé Georgelin   CNRS Histoire

Pourquoi les cités de la Méditerranée orientale fascinent-elles tant ? En quoi la connaissance d’Alexandrie, de Beyrouth, de Constantinople, d’Odessa, de Salonique et de Smyrne est-elle un sésame indispensable à la compréhension d’un monde essentiellement pluriel dans lequel nos sociétés, issues des premiers États-nations, prennent conscience d’être projetées ? L’histoire de la Smyrne ottomane tardive est exemplaire d’une gestion sociale élaborée impliquant différents groupes humains, aux références religieuses et en partie juridiques divergentes.

La pluralité des langues parlées en ville et la diversité des mises vestimentaires donnent au visiteur et au lecteur pressés une impression superficielle de Babel chaotique, alors que les représentations de l’ordre familial et social étaient largement partagées par l’ensemble des Smyrniotes – qu’il s’agisse de citadins grecs, turcs, juifs, arméniens, levantins. La place respective des uns et des autres dans cet arrangement hiérarchisé permettait une cohabitation quotidienne. En fait, c’est avec grand art que les moments de proximité ouverte et ceux d’intimité exclusive étaient agencés dans la cité. La diversité, considérée comme une donnée, fut pourtant perçue par des cercles politiquement actifs de la ville et au-delà comme de moins en moins légitime…

Ces sociétés urbaines du siècle passé ne nous offrent donc pas de « plan de route » infaillible pour une coexistence inscrite dans la pluralité. Leur fin, le plus souvent catastrophique – celle de Smyrne fut particulièrement violente et meurtrière -, doit au contraire nous alerter sur les dangers d’une absence de citoyenneté commune dans ces mondes cloisonnés.