Communauté grecque des Alpes-Maritimes

le grand philologue Emmauel Kriaras disparaît le 22 août 2014

Le 22 août 2014, il y a 9 ans, le plus grand philologue, professeur de philologie grecque médiévale et moderne, Emmanuel Kriaras, est décédé à un âge très avancé.

Défenseur de la langue démotique depuis sa jeunesse, il a personnellement contribué à l’établissement de la démotique comme langue officielle de l’État grec en 1976.

Il a reçu les plus hautes distinctions de la République hellénique, de l’Académie d’Athènes, de la France, de l’Italie, de l’Autriche et de la Fondation Goulandris.

Il était membre honoraire du Centre de la Langue grecque.:

Eammanuel Kriaras faisait partie de l’expédition collective de 124 étudiants, artistes et ingénieurs vers la France en décembre 1945. Un départ qui s’inscrit dans la longue histoire des migrations grecques et des relations particulièrement étroites que le pays entretient avec la France et participe, déjà à l’époque, de ce que l’on appelle aujourd’hui la « fuite des cerveaux»..  À cette différence près que les passagers du Mataroa quittaient la Grèce, dans les années d’après-guerre, convaincus qu’ils allaient revenir assez vite. L’attente fut le plus souvent déçue, le voyage marquant dans certains cas le début d’un exil qui allait durer de longues années. Les étudiants qui embarquèrent sur le Mataroa abandonnèrent une Grèce dévastée après trois ans d’occupation, alors que s’annonçait déjà une guerre civile d’une rare violence. Parmi les passagers du légendaire navire se trouvait la « crème » de toute une génération, des personnalités qui marqueront plus tard la scène artistique, intellectuelle et scientifique de la seconde moitié du xxe siècle. À son bord à part Emmanuel Kriaras,  les philosophes Cornelius Castoriadis, Kostas Axelos, Kostas Papaïoannou, Mimica Cranaki, les architectes Georges Candilis et Aristomenis Provelengios, les sculpteurs Memos Makris, Kostas Coulentianos et Nelly Andrikopoulou, l’historien Nicolas Svoronos, le philologue Stamatis Karatzas, le compositeur Dimitris Choraface, la poétesse Matsi Hatzilazarou, etc.

Εμμανουήλ Κριαράς

Στις 22 Αυγούστου του 2014, 9 χρόνια πριν, απεβίωσε σε πολύ βαθιά γεράματα ο μέγιστος φιλόλογος, καθηγητής της μεσαιωνικής και νεοελληνικής φιλολογίας, Εμμανουήλ Κριαράς.

Υπέρμαχος της δημοτικής από τη νεότητά του,  συνέβαλε προσωπικά στην καθιέρωση της δημοτικής ως επίσημης γλώσσας του ελληνικού κράτους τα πρώτα χρόνια της μεταπολίτευσης.

Τιμήθηκε με τις ανώτατες διακρίσεις από την Ελληνική Δημοκρατία, την Ακαδημία Αθηνών, τη Γαλλία, την Ιταλία, την Αυστρία, το ίδρυμα Γουλανδρή.

Υπήρξε επίτιμο μέλος του ΚΕΓ.

Άφησε ως παρακαταθήκη του το Λεξικό της Μεσαιωνικής Ελληνικής Δημώδους Γραμματείας, που φιλοξενείται ηλεκτρονικά στην Πύλη για την Ελληνική Γλώσσα.

Δείγμα από την ηλεκτρονική μορφή του λεξικού Κριαρά στην Πύλη για την Ελληνική Γλώσσα: https://www.greek-language.gr/greekLang/medieval_greek/kriaras/search.html?start=26870&lq=


Darrouzès Jean. Emmanuel Kriaras, Λεξικὰ τῆς μεσαιωνικῆς Ἑλληνικῆς δημώδους γραμματείας. 1110- 1669, V. In: Revue des études byzantines, tome 36, 1978. pp. 282-283;
https://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1978_num_36_1_2089_t1_0282_0000_2

Emmanuel Kriaras, Λεξικά της μεσαιωνικής Ελληνικής δημώδους γραμματείας. 1110-
1669, V. — Thessalonique 1977. 79 (en pagination grecque)-421 p.
C’est avec une remarquable régularité que paraissent tous les deux ans depuis 1969
les volumes de ce dictionnaire de la langue grecque démotique ; le présent volume
s’achève au mot έλλεβορώδης.
La bibliographie augmente de près de cinq cents numéros (2041-2504), qui
comprennent les éditions et les études parues depuis 1971, date de la parution du second volume, s’arrêtait au n° 2040.
Une nouveauté a été adoptée dans la rédaction de ce tome : suppression de tous les
esprits (doux et rude) et uniformisation de l’accent, qui est représenté par un point placé
sur la syllabe (ou voyelle) accentuée. Dans le volume suivant, la simplification sera
appliquée aux terminaisons du subjonctif qui ne seront plus distinguées de celles du présent.
Ces mesures procèdent, paraît-il, d’un décret gouvernemental concernant la
simplification de l’orthographe dans les écoles grecques. Ce système s’applique aussi à la
transcription des textes cités, par exemple : ορισθη ο δείνα δεκανός της εκκλησίας να τάξη.
Cependant je constate que dans ce volume le point-accent n’est pas utilisé pour le mot
principal en caractère gras, qui porte l’accent aigu ; je ne vois pas d’ailleurs la raison
de choisir le point plutôt que l’accent. Espérons du moins que l’éditeur n’aura pas à
changer une autre fois le système orthographique en cours de publication, car les
commissions ministérielles et les décrets passent et les écrits restent.
Quoi qu’il en soit de ces problèmes permanents de la langue démotique et de leur
solution pratique, ce dictionnaire est appelé à devenir l’instrument de travail privilégié
pour un grand nombre d’hellénistes et de byzantinistes. Tant qu’il n’est pas achevé,
il n’est pas encore cité dans les bibliographies d’édition. Il m’est arrivé en de rares
occasions de constater l’absence de quelques mots. Ainsi je lis dans un acte du patriarche
Matthieu, de juin 1400 (MM, II, n° 576, p. 39210), le terme άνακοινώταριος, qui doit être
mis d’après le contexte en rapport avec άνακοίνωσις, le terme juridique qui désigne le
voisinage, traduit par Heimbach communio (Harménopoulos, III, 3, 110, p. 379 et
index) ; je n’ai trouvé nulle part le dérivé employé dans les actes. Dans les actes du même
patriarche se rencontre aussi βουτζιατικόν (MM, II, n° 610, p. 43 18), qui désigne une
redevance en vin ou concernant le vin. Autre curiosité dont je n’ai pas trouvé de mention
ailleurs, l’expression εις τό κάντος (τοϋ κάντους : MM, II, n° 646, p. 49316″19) ; il s’agit
clairement de la vente à l’encan (à l’enchantement, ail’ incanto), qui doit avoir un
équivalent dans les Assises de Chypre. En dehors des éditions la richesse de la langue grecque se manifeste toujours par quelque rareté. Je considère comme hapax le mot έλαϊσμός, qui est employé dans un texte chypriote inédit comme équivalent de la cérémonie ou du sacrement de l’euchélaion (extrême-onction latine). En tête d’une formule de chancellerie je trouve aussi le titre είσοδευτικόν (sous-entendu γράμμα) : pièce remise à un fonctionnaire qui doit la remettre à l’économat de l’Eglise pour se faire payer (είσοδευσάτω ) son traitement.

Je cite ces exemples pour montrer qu’un dictionnaire, aussi perfectionné soit-il, ne
fournit pas de réponse à toutes les questions et que la recherche n’est jamais achevée.
Il n’empêche que la publication d’E. Kriaras représente un grand travail et constitue
un beau monument de l’érudition grecque moderne. Jean Darrouzès


L’élite des linguistes grecs au XXe siècle
The Twentieth Century Greek Linguists’ Elite
Η ελίτ των Ελλήνων γλωσσολογών του 20ου αιώνα
Irini Tsamadou‑Jacoberger

Philologues et linguistes
  La notion d’élite des linguistes sera abordée dans la présente étude à travers le discours tenu sur et par Manolis Triandafyllidis (1883-1959), Georgios Babiniotis (1939 ) et Anastasios Phivos Christidis (1946-2004). Dans le cas précis des trois personnalités
choisies, par linguistes nous entendons à la fois linguistes et philologues et adoptons
volontiers la définition avancée par Joseph Vendryes dans son article-hommage à
Antoine Meillet, intitulé Linguistique et philologie, paru en 1951, dans lequel il met en
avant la non-séparation des deux disciplines, l’utilité d’une liaison entre elles, enfin la
collaboration étroite entre linguistes et philologues. Pour VENDRYES (1951, 9-10), alors
que le philologue vise à établir et à interpréter des textes,
[…] Le linguiste a pour tâche de réunir et de comparer des faits de langue aussi
nombreux et aussi variés que possible ; il cherche à dégager de cette comparaison
les principes qui règlent en général les rapports du langage et de la pensée et en
particulier la structure et le développement de chaque langue. […] ; il étudie, en
outre, tout ce qui se rapporte à la fonction du langage, la façon dont il s’acquiert, les
accidents auxquels il est exposé, le rôle qu’il joue dans la vie sociale, les formes qu’il
prend suivant les usages auxquels il est destiné.
2   Mais aussi VENDRYES (op.cit., p. 10) souligne que […] parmi les tâches des linguistes, l’une des principales est de faire l’histoire des langues en remontant dans le passé aussi loin qu’il est possible, et d’établir ainsi les relations de parenté qui les unissent.
3   Le discours sur la vie et l’œuvre de Manolis Triandafyllidis, Georgios Babiniotis et
Anastasios Phivos Christidis, permet de leur attribuer aisément ce double profil disciplinaire. Spécialistes à la fois des lettres classiques et de linguistique, ayant fait des
études en Grèce et à l’étranger (en Allemagne pour Triandafyllidis et Babiniotis, en
Angleterre pour Christidis), ils articulent leur recherche et leurs travaux autour de
l’étude diachronique et synchronique de la langue grecque et ont à leur actif, entre
autres, des histoires de la langue grecque, des grammaires, des dictionnaires, des
études sur des phénomènes syntaxiques, morphologiques, lexicaux, mais aussi sur des
questions d’ordre sociolinguistique.

Discours sur les linguistes
4   Aussi dans les biographies disponibles est-il souligné que Triandafyllidis a œuvré pour
la promotion du démoticisme dans l’enseignement, qu’il a été l’auteur de la grammaire
officielle du grec moderne, qu’il a contribué à mener à bien les politiques linguistiques
mises en place par différents gouvernements grecs.
5   Babiniotis, quant à lui, est présenté comme linguiste et philologue, professeur des
universités, ayant exercé les fonctions de président d’université, de président de la
Fondation de la culture hellénique, de la Société linguistique d’Athènes, du Centre de
lexicologie, du Conseil d’enseignement primaire et secondaire, de ministre de
l’Éducation. Il est également clair qu’il bénéficie d’une notoriété auprès du large public
grâce à son dictionnaire, ses chroniques dans les quotidiens grecs et sa participation à
des émissions télévisées.
  Pour ce qui est de Christidis, on lit qu’il était linguiste, professeur des universités,
défenseur de la démotique et du système d’accentuation monotonique, qu’il a exercé
les fonctions de directeur du Centre de la langue grecque, fondé en 1994 et défini
officiellement en tant qu’organe de coordination, consultatif et exécutif, du ministère de
l’Éducation, compétent en matière d’éducation et de politique linguistique.
7   Les informations biographiques largement diffusées révèlent que les trois linguistes
sont perçus comme ayant joué un rôle central dans la gestion de la question de la
langue grecque, mais aussi comme ayant été proches de la classe politique dirigeante,
et de ce fait comme ayant bénéficié d’un pouvoir réel et/ou symbolique. En effet, à la
fois professeurs des universités grecques et auteurs de nombreux ouvrages de
référence sur la langue grecque, son histoire, sa grammaire, sa syntaxe, son lexique,
tous les trois ont également occupé des fonctions dans des institutions relevant de
l’État.
8   Le discours tenu à propos de ces linguistes par leurs pairs stricto ou lato sensu
(linguistes ou journalistes, historiens, politologues, écrivains…), le plus souvent sous
forme de comptes rendus, est en outre révélateur de leur image et de la réception à la
fois de leurs travaux et de leurs positions.
9   Dans ce sens, des extraits tirés du compte rendu de Théodosopoulou, paru dans
Ι EPOCHI1, sur l’ouvrage d’ALISSANDRATOS2 intitulé Μanolis A. Triandafyllidis (1883-1959).
Pages de sa vie et de son œuvre, véhiculent clairement cette image et illustrent la
reconnaissance et la notoriété dont bénéficient la grammaire de Manolis Triandafyllidis
(1978) et le dictionnaire (1998), paru aux éditions de l’Institut Manolis Triandafyllidis 3.
10   Les propos de Kriaras, professeur émérite de l’Université de Thessalonique, qui sont
cités dans Théodosopoulou et qui portent sur la place de la grammaire de
Triandafyllidis, renvoient aussi indirectement à cette image 4

11  De même, dans l’introduction du Dictionnaire de BABINIOTIS (1998), consacrée à un bref
aperçu historique du grec, est mis en avant le rôle déterminant de Triandafyllidis dans
la solution de question de la langue en Grèce, notamment par l’imposition du
démotique 5.
12   Des comptes rendus et des chroniques publiés sur les travaux de Babiniotis, et
notamment sur son dictionnaire, nous renseignent sur son image et la réception de ses
positions linguistiques. À titre indicatif, nous citons un extrait tiré du compte rendu,
paru le 5 novembre 2000 dans I Kathimerini, dans lequel Kriaras critique les choix que
l’auteur fait en faveur de la langue savante, voire archaïsante 6. Un autre compte rendu,
paru le 5 novembre 2000 dans le même quotidien, rédigé par Moschonas, professeur de
linguistique à l’Université Panteion, reprend le sous-titre du dictionnaire de Babiniotis 7
et critique le caractère normatif des commentaires insérés par l’auteur. De même, Haris
dans le compte rendu, paru le 9 juillet 2005 dans Ta Nea, écrit que le dictionnaire de
Babiniotis contribue à prolonger la vie du grec savant, voire archaïsant. Il soutient par
ailleurs que ce dictionnaire légifère et qu’il comporte des commentaires éminemment
prescriptifs8. Il souligne enfin que les choix proposés par Babiniotis sont fondés sur des
critères davantage idéologiques que scientifiques.
13   Pour ce qui est de l’image de Christidis, Vagenas, professeur de théorie et de critique
littéraires à l’Université d’Athènes, insiste, dans sa chronique parue en 2001 dans
To Vima du 18 novembre, sur le caractère non ethnocentriste des positions du linguiste
à propos de la continuité de la langue grecque9.
14   Pesmatzoglou, professeur au département des sciences politiques et d’histoire à
l’Université Panteion, dans sa chronique To big bang de la langue, parue en 2001 dans
To Vima du 25 novembre, parlant de l’ouvrage collectif Histoire de la langue grecque. Des
origines à l’Antiquité tardive, publié sous la direction de Christidis en 2001, et notamment
de l’introduction rédigée par l’éditeur sur les histoires de la langue grecque, en
souligne le caractère innovant. Il écrit notamment qu’il marque une rupture avec les
idées du passé et les positions puristes 10.
15   Boukalas, dans son compte rendu paru dans I Kathimerini du 22 mai 2013, sur le livre
posthume de Christidis Histoire du grec ancien, publié en 2005 aux éditions de l’lnstitut
Triandafyllidis et destiné notamment à des élèves, écrit que cet ouvrage est au service
de la démocratie de l’information de la connaissance 11.
16   Ce survol, certes rapide et incomplet, fait état néanmoins de la reconnaissance, de la
notoriété, voire du prestige dont bénéficient les trois linguistes grâce à leurs travaux
perçus comme véhiculant leurs convictions, leurs positions à la fois scientifiques et
idéologiques, notamment sur l’histoire de la langue grecque.
Discours tenu par les linguistes
17   Examinons maintenant si le discours tenu par les trois linguistes sur des questions
relatives à l’histoire et au statut du grec, nous informe aussi sur la place qu’ils
pourraient occuper au sein de la classe des linguistes grecs, notamment en tant que
représentants d’une élite.
18   Triandafyllidis dans l’Introduction historique de la grammaire néo-hellénique, parue
en 1938, fait une introduction historique à la langue maternelle, focalisée sur les étapes
qu’a connues la formation de la langue nationale. Celle allant du grec ancien à la koine hellénistique est dans ce sens très brièvement abordée. Il dit ainsi clairement qu’il vise
par ce travail à renseigner le lecteur grec sur la langue de la période moderne, sur la
formation de la langue orale, sur la codification de la langue écrite 12. Il consacre la
partie majeure de son travail à la langue orale, aux dialectes, y compris aux koinès néo-
helléniques orales, aux koinès néo-helléniques écrites telles qu’elles se sont formées
pendant la période de l’occupation ottomane (1453-1828), la période du purisme
(1828-1900) et la période du démoticisme (XXe siècle) 13. Il se propose d’étudier l’histoire
de la langue grecque en rapport avec la littérature et la culture nationales. Cette
introduction historique a comme ambition d’aider les Grecs à mieux connaître la
langue qu’ils parlent, à l’aimer davantage, à voir clairement ses problèmes actuels,
enfin à mieux se rendre compte du besoin de cultiver et de développer la langue
écrite 14.
19   Par ailleurs, Triandafyllidis consacre un ensemble d’études 15 aux mots d’origine
étrangère qui, selon lui, non seulement ne corrompent pas la langue, mais révèlent sa
vivacité et son dynamisme. Il porte notamment son attention, d’une part, sur
l’identification des mots d’origine étrangère, les fonctions qu’ils accomplissent, les
attitudes qu’ils suscitent, l’évaluation des solutions proposées à leur égard et, d’autre
part, sur la façon dont les Allemands les gèrent. Cette réflexion est en outre mise en
perspective avec celle menée à propos du mouvement puriste.
20   Babiniotis, quant à lui, dans la préface du dictionnaire 16, intitulée la Langue grecque
traite de la spécificité et de l’origine de la langue grecque, des périodes de son histoire,
de sa structure et son évolution, de son vocabulaire, de l’écriture et orthographe
grecques, de la question de la langue. Pour lui, la spécificité de la langue grecque
consiste en plusieurs atouts dont son unité historique 17, la place à part qu’elle occupe
parmi les 2 700 langues 18 ; son caractère cultivé ; son caractère œcuménique fondé à la
fois sur des critères historiques et évaluatifs ; le rôle fondamental qu’elle a joué et
continue à jouer dans la formation de la terminologie scientifique internationale, mais
également dans la formation du vocabulaire quotidien des Européens et par conséquent
du vocabulaire d’un grand nombre de langues. Il soutient enfin que le vocabulaire du
grec est une preuve de la continuité de ce dernier et de son identité internationale dans
la communication européenne et universelle 19. Bien que dans l’introduction de sa
grammaire, parue en 2005, Babiniotis souligne que son objectif est de décrire et non pas
de prescrire 20, force est de constater que son attitude et ses positions manifestées à
travers ses commentaires et ses explications relèvent davantage d’une approche
prescriptive et conservatrice. Il faudrait également noter que ces positions sont, à
l’opposé de celles des deux autres linguistes, très médiatisées, en raison en partie de la
participation de Babiniotis à des émissions télévisées et des chroniques publiées dans
les quotidiens.
21   Christidis (2001, 2004, 2005) pour sa part envisage l’étude de la langue dans sa
dimension historique et celle de l’histoire dans sa dimension linguistique. Dans ce sens,
il considère que la langue n’existe pas en dehors de l’histoire et l’histoire en dehors de
la langue

21.   Pour lui, tout locuteur a une autonomie de communication et d’expression
et n’a pas besoin d’être assisté et soutenu par le passé de sa langue 22. De même, la
langue grecque n’est pas la mère de toutes les langues, mais est une langue parmi les
langues indo-européennes (2004). Il soutient aussi que la continuité de la langue
grecque est évolutive et que, dans ce fait, la langue grecque ne relève pas d’un statut
privilégié. Il considère aussi que le caractère conservateur de la langue grecque est expliqué par l’influence qu’ont exercée Byzance, l’Église et les attitudes linguistiques
qui cultivent la continuité avec des formes plus anciennes (2001, 15). De même, le
changement linguistique, l’emprunt et les contacts des langues et des cultures
constituent des processus naturels et incontestables 23. Christidis aborde également
dans ses écrits la position du grec moderne au sein de l’Union européenne,
l’hégémonisme linguistique, le statut des langues, l’homogénéité et la variation
linguistiques.
22   L’examen des données partielles que nous avons retenues et qui sont relatives à
l’histoire de la langue grecque fait ressortir une récurrence thématique chez les trois
linguistes articulée principalement autour de trois axes : la langue, les contacts des
langues, le rôle du linguiste et de la linguistique. Aussi tous les trois s’interrogent-ils
sur la continuité et le conservatisme de la langue grecque, le changement et la
variation linguistiques, la diversité linguistique, les emprunts et le purisme, la place du
grec au sein de l’Europe. Cette récurrence thématique, qui prouve certes l’importance
de ces questions dans la période étudiée, ne signifie pas néanmoins convergence de
points de vue.
23   Les trois linguistes sont porteurs d’idées plus ou moins divergentes, et cela pour des
raisons diverses et variées. Il serait ainsi possible d’avancer que ces positions soient
liées à des questions d’ordre théorique et idéologique, mais aussi à l’engagement
politique des linguistes en question, la médiatisation qui en découle et l’impact de celle-
ci sur la scientificité plus ou moins élevée et rigoureuse des discours. Il s’avère en fait
que les trois linguistes ont des visions plus ou moins divergentes quant à ce que sont la
langue grecque et les raisons de son étude. En d’autres termes, il apparaît que les trois
linguistes apportent des réponses différentes à la double question : à quel grec doit-on
s’intéresser et dans quel but ?
24   Il semble ainsi que Triandafyllidis s’intéresse au grec langue maternelle, objet de
codification et de standardisation, alors que Babiniotis s’intéresse au grec moderne
dans sa relation étroite avec le grec ancien. Il se focalise pour ainsi dire sur sa
description qui comporte néanmoins une dimension évaluative. Dans ce sens, il
apparaît que Babiniotis tient un discours de descripteur – évaluateur et émet des
jugements de valeur à propos du grec et de ses locuteurs. Enfin, pour Christidis, le grec
est inscrit dans son contexte historique et social. Il reflète les contacts permanents qu’il
a eus et continue à avoir avec les autres langues et cultures et c’est en tant qu’objet
d’interprétation qu’il est envisagé. Ce bref aperçu montre en outre que le contexte dans
lequel les trois linguistes ont vécu et dans lequel est ancrée leur réflexion fut
particulièrement important non seulement pour l’étude de l’histoire de la langue
grecque (un grand nombre d’études voient le jour 24), mais également pour la place de
plus en plus importante qu’occupent les représentations et les attitudes linguistiques
dans l’étude de l’identité néo-hellénique. C’est dans ce sens que nous pensons que
l’impact de ces linguistes sur les orientations idéologiques de leur époque dépasse
largement le milieu linguistique.

Vers une définition d’une élite de linguistes

En guise de conclusion, il paraît opportun de revenir à la question initiale et de
proposer une définition provisoire de l’élite des linguistes. En d’autres termes ces linguistes représentent-ils l’élite des linguistes grecs du XXe siècle et si oui, comment
cette élite pourrait-elle être définie ?
26   Les discours recueillis permettent de retenir quelques critères pertinents qui
pourraient fonder l’accès de ces linguistes à l’élite des linguistes grecs du XXe siècle. En
effet, partant d’une définition communément acceptée, selon laquelle une élite est
déterminée par des critères tels que la position élevée dans une catégorie
socioprofessionnelle, la notoriété, le pouvoir, nous constatons :
que les trois linguistes occupent une place au sommet de la hiérarchie professionnelle : ils
sont en effet professeurs d’université ; qu’ils jouissent d’une notoriété et d’un pouvoir essentiellement symbolique au sein de la profession, et pas seulement, de par leurs fonctions, les rapports qu’ils entretiennent avec la classe politique et leurs travaux ;
qu’ils ont un impact sur leurs pairs et les autres de par leur notoriété, leurs idées et leurs
positions ; qu’ils représentent leur époque, une époque cruciale pour la langue grecque et la définition de la politique linguistique en Grèce, la construction des représentations linguistiques et l’appréhension de l’identité néo-hellénique.
27   Tenant compte de ces critères, il est possible donc d’avancer une définition plurielle de l’élite des linguistes – fondée à la fois sur des critères communs à toute élite et
spécifiques à l’élite des linguistes – qui devrait bien évidemment être validée et
complétée par un échantillon de données bien plus riche et représentatif, d’abord pour
ce qui est du XXe siècle, par la suite pour ce qui est des XVIIIe, XIXe et XXIe siècles 25. Cette élite comporterait alors les meilleurs éléments dans le domaine de la linguistique
exerçant une fonction académique élevée et serait une « saillance » fondée sur le critère
d’« excellence individuelle » 26. Ses membres devraient bénéficier d’une image et d’une
notoriété fondées par les pairs ainsi que par des jugements externes. Ils devraient avoir
un impact sur les orientations linguistiques, idéologiques et intellectuelles de leur
époque. Cette élite devrait enfin permettre d’étudier les représentations et les
aspirations de la société grecque, car comme le soulignent les historiens
LEFERME‑FALGUIÈRES et VAN RENTERGHEM (2000, 67),
[…] les élites offrent le miroir déformant d’une société et de ses aspirations. Elles
représentent donc l’occasion pour l’historien de comprendre les mentalités,
d’entrer dans les représentations symboliques, constituant ainsi un des liens entre
l’histoire sociale et l’histoire des mentalités.

Bibliographie

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CHRISTIDIS Anastasios Phivos, 2001, Ιστορία της ελληνικής γλώσσας. Από τις αρχές έως την ύστερη αρχαιότητα [Histoire de la langue grecque. Des origines à l’Antiquité tardive]. ΚΕΓ [Centre de la langue grecque]. Thessalonique : Institut d’études néo-helléniques de l’Université Aristote de Thessalonique.
CHRISTIDIS Anastasios Phivos, 2004, «Χρήσεις της γλώσσας. Οι όροι μιας συζήτησης» [Les termes d’un débat], in Χρήσεις της γλώσσας [Emplois de la langue], Athènes : Επιστημονικό Συμπόσιο 3-5 décembre 2004. Εταιρεία Σπουδών Νεοελληνικού Πολιτισμού και Γενικής Παιδείας, p. 209-224.
CHRISTIDIS Anastasios Phivos, 2005, Ιστορία της αρχαίας ελληνικής γλώσσας [Histoire du grec ancien]. Thessalonique : Institut d’études néo-helléniques de l’Université Aristote de Thessalonique.
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www.constructif.fr/bibliotheque/2006-6/l-importance-de-la-dimension-relationnelle.htlm ?
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LEFERME‑FALGUIÈRES Frédérique et VAN RENTERGHEM Vanessa, 2000, « Le concept d’élites. Approches historiographiques et méthodologiques », Hypothèses, 2000-2001, p. 55-67.
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TRIANDAFYLLIDIS Manolis, 1978, Νεοελληνική Γραμματική της Δημοτικής [Grammaire néo-hellénique de la démotique]. Thessalonique : Institut d’études néo-helléniques de l’Université Aristote de Thessalonique, [1re éd. 1941].
VENDRYÈS Joseph, 1951, « Linguistique et Philologie », Revue des études slaves, vol. 27, p. 9-18.

Comptes rendus
BOUKALAS Pantelis, 2013, «Η αρχαία ελληνική γλώσσα και η ιστορία της» [Le grec ancien et son histoire], I Kathimerini, 22 mai, Athènes.
HARIS Yannis, 2005, «Το πώς κλίνεται το “πρύτανης”» [Comment se décline le nom “pritanis”], Ta Nea, 9 juillet, Athènes.
KRIARAS Emmanuel, 2000, «Το Λεξικό Μπαμπινιώτη και η δημοτική» [Le Dictionnaire de Babiniotis et la langue démotique], I Kathimerini, 5 novembre, Athènes.

MOSCHONAS Spiros, 2000, «Λεξικά για τα ελληνικά του 21ου αιώνα» [Dictionnaires du grec du XXIe siècle], I Kathimerini, 5 novembre, Athènes.
PESMATZOGLOU Stephanos, 2001, «To big bang της γλώσσας» [le Big bang de la langue], To Vima, 25 novembre, Athènes.
THÉODOSOPOULOU Maria, 2011, «Ποιος ήταν ακριβώς ο Μανόλης Τριανταφυλλίδης», I Epochi, édition online, 8 mai, Athènes.
VAGENAS Nasos, 2001, «Ιδεολογήματα της θεωρίας» [Inventions idéologiques de la théorie], To Vima, 18 novembre, Athènes.

N O T E S
1. Édition online du 9 mai 2011.
2. Paru en 2010 aux éditions du Musée Bénaki.
3. Le compte rendu en question commence comme suit : «Απαντες, δεδομένου ότι η
βασική εκπαίδευση είναι υποχρεωτική, γνωρίζουν τη Γραμματική Τριανταφυλλίδη. Οσοι
ανασφαλείς εξαρτώνται από τα λεξικά, γνωρίζουν και το Λεξικό Τριανταφυλλίδη». Et
plus loin, il est souligné que Triantafyllidis est perçu comme un «δάσκαλος που δέσποζε
στο πρώτο μισό του 20ου αι».
4. Il souligne que «[…] για δεκαετίες πολλές θα είναι (η Γραμματική Τριανταφυλλίδη) η
πυξίδα και ο φάρος σε όσους θα πλέουν και θα ταλανίζονται στα τρικυμισμένα ακόμη νερά της γλωσσικής μας θάλασσας».
5. BABINIOTIS (1998, 25) écrit à ce propos : «Στον αγώνα για την επικράτηση της δημοτικής μέσα από την Εκπαίδευση καθοριστικό ρόλο παίζει η στάση τού Μανόλη Τριανταφυλλίδη.
Με τη μετριοπάθεια και την τακτική του να δεχθεί στον κορμό τής δημοτικής τα ζωντανά
λόγια στοιχεία και να μην προκαλεί με ακραίες ρυθμιστικές τοποθετήσεις, όπως έκανε ο
Ψυχάρης, πυκνώνει τις τάξεις των υποστηρικτών τής δημοτικής. Παράλληλα επιδίδεται
στη δημιουργία έργου υποδομής, στη σύνταξη, (μαζί με μια Επιτροπή που ορίστηκε επί
Μεταξά) της πρώτης γραμματικής της Δημοτικής, της «Κρατικής Γραμματικής», όπως
είναι γνωστή, που εκδόθηκε το 1941».
6. «Ο λεξικογράφος με αισθητήν υπερβολή δέχεται στο λεξικό του στοιχεία αρχαϊστικά,
καθόλου σήμερα απαραίτητα. Το γεγονός εξηγείται : πριν από ορισμένες δεκαετίες ο κ.
Μπαμπινιώτης τοποθετούσε τον εαυτό του σε αντίθετο στρατόπεδο από εκείνο του
δημοτικισμού (…)».
7. «Με εκτενή σχόλια για τη σωστή χρήση των λέξεων».
8. Haris écrit qu’il s’agit de «σχόλια αστυνομικού και ρυθμιστικού χαρακτήρα».
9. Il écrit «Η επανατοποθέτηση επί ιστορικής βάσεως του γεγονότος της συνέχειας της
ελληνικής γλώσσας από τον Χριστίδη, έναν γλωσσολόγο που μόνο εθνοκεντρικός δεν θα
μπορούσε να χαρακτηριστεί, μας δίνει την αφορμή να αναφέρουμε μιαν άλλη – προς την
αντίθετη κατεύθυνση -στρέβλωση του θέματος».
10. Pesmatzoglou écrit : «μια τομή, για μια ρήξη εν τέλει με αντιλήψεις του
παρελθόντος» et continue «περασμένα ξεχασμένα τα περί καθαρότητας της ελληνικής
γλώσσας με όλα τα συγχρονικά παρεπόμενα».
L’élite des linguistes grecs au xxe siècle
Cahiers balkaniques, Hors-série | 2015 8
11. «[…]τη δημοκρατία της πληροφόρησης, τη δημοκρατία της γνώσης, υπηρετεί το
τελευταίο έργο του Τάσου Χριστίδη».
12. TRIANDAFYLLIDIS (1938, 7) écrit à ce propos : «Η ιστορική αυτή έρευνα της μητρικής
γλώσσας είναι για το ελληνικό κοινό ξεχωριστά αναγκαία. Προλήψεις ζυμωμένες με
χιλιόχρονη εκαπαιδευτική παράδοση από το ένα μέρος και έλλειψη απ’αυτήν της
παραμικρότερης γλωσσολογικής προπαιδείας δεν αφήνουν να ριζώσουν σωστές κρίσεις
για τη γλώσσα του, όπως τη διαμόρφωσε μέσα στους αιώνες η γλωσσική εργασία του
ελληνικού λαού».
13. Ibidem, p. 144.
14. Ibid., p. 9. Triandafyllidis termine notamment sa préface comme suit «η γλώσσα μας
συνεχίζει τη γλώσσα που στάθηκε εκφραστικό μέσο των αρχαίων Ελλήνων, που
χρησίμεψε για πρότυπο στον ευρωπαϊκό και γενικά στο νεώτερο πολιτισμό, και, στη
σημερινή της μορφή, μητρική γλώσσα των νέων Ελλήνων, θα γίνη, κατάλληλα
καλλιεργημένη, άξιο όργανο ενός νεοελληνικού πολιτισμού».
15. TRIANDAFYLLIDIS, 1963.
16. BABINIOTIS, 1998, p. 17-26.
17. Ibid., p. 18. À ce propos, il écrit «η ελληνική αποτελεί μοναδικό παράδειγμα γλώσσας
με αδιάσπαστη ιστορική συνέχεια και με τέτοια δομική και λεξιλογική συνοχή που να
επιτρέπει να μιλάμε για μια ενιαία ελληνική γλώσσα από την αρχαιότητα έως σήμερα».
18. Ibid., p. 18. «Αντίθετα προς άλλες γνωστές αρχαίες γλώσσες […], οι οποίες χάθηκαν
νωρίς, η Ελληνική διατηρείται πάνω από 40 αιώνες τώρα ως ζωντανή στην εξέλιξή της
γλώσσα».
19. Ibid., p. 22. «Ο χώρος του λεξιλογίου της Ελληνικής εμφανίζει ιδιαίτερο ενδιαφέρον,
τόσο ως αδιάψευστο τεκμήριο της συνέχειας της ελληνικής γλώσσας όσο και ως ‘διεθνής
ταυτότητα’ στην ευρωπαική και (…) στην παγκόσμια γλωσσική επικοινωνία».
20. CLAIRIS & BABINIOTIS (2005, XII) «[…] το όλο πνεύμα που επικράτησε εκ μέρους μας στη
σύνταξη της Γραμματικής ήταν να απαλλάξουμε την περιγραφή των γραμματικών
μηχανισμών της ελληνικής γλώσσας από ρυθμιστικές δεσμεύσεις».
21. CHRISTIDIS (2004, 4) «Δεν υπάρχει γλώσσα εκτός ιστορίας, όπως δεν υπάρχει ιστορία
χωρίς τη γλώσσα» et «[…] το γλωσσικό φαινόμενο /είναι/ κοινωνικοϊστορικό μόρφωμα».
22. Ibid., p. 4. «[…] ο χρήστης /κάθε γλωσσικού συστήματος/ έχει σε κάθε χρονική στιγμή επικοινωνιακή και εκφραστική αυτάρκεια και δεν χρειάζεται τη στήριξη του γλωσσικού παρελθόντος».
23. CHRISTIDIS, 2005, «Οι γλώσσες αλλάζουν, δεν χαλάνε» […] «Το 40 % περίπου του
λεξιλογίου της αρχαίας ελληνικής είναι προϊόν δανεισμού» […]. «Καθαρές γλώσσες δεν
υπάρχουν, γιατί οι λαοί και οι πολιτισμοί δεν ζουν σε γυάλες αλλά σε συνεχή επαφή,
εχθρική ή φιλική, μεταξύ τους».
24. Cf. CHRISTIDIS (2001, 4)
25. Il serait ainsi possible d’inventorier toutes les contraintes externes qui pèsent sur le
champ des linguistes et donc sur l’élite. Voir à ce sujet, Rémy RIEFFEL, 1983, 465.
26. Nathalie HEINICH (2006) distingue deux conceptions différentes de l’élite : la
conception moniste qui « assimilant l’élite à une catégorie sociale unique, la considère
de façon restrictive, en en faisant un synonyme de “catégorie dominante”, c’est-à-dire
L’élite des linguistes grecs au xxe siècle
Cahiers balkaniques, Hors-série | 2015 9 en prenant pour critère la fonction de pouvoir ». Selon la conception pluraliste en revanche, l’élite devient « une “saillance” à l’intérieur de différentes catégories sociales. Dans cette perspective, il existe une pluralité d’élites relative au milieu ou à la catégorie considérée : l’élite des avocats, l’élite des hommes d’affaires, l’élite des fonctionnaires, etc.