Après des documentaires sur la musique de culture urbaine, Nikos Skarentzos réalise un portrait émouvant de Markos Vamvarkaris. Son histoire, qui accompagne l’histoire de la Grèce, entre exil et émigration, influence plusieurs chanteurs, chanteuses et groupes musicaux. Sa propre histoire est racontée par lui-même, mais aussi par des ethnologues, musicologues, ou de simples gens de Syros. On voyage entre les ports de Syros et du Pirée, et en des endroits plus exotiques, et on écoute des grands succès du répertoire grec, que l’on doit à Markos Vamvakaris, interprétés par des artistes du monde entier. Depuis les bas-fonds du Pirée, on arrive dans un « village planétaire » : entre le slam, le reggae, le hip-hop, Markos Vamvakaris reprend vie.
Markos Vamvakaris: le patriarche du rébétiko
Markos Vamvakaris, compositeur et chanteur de rébétiko, la musique populaire urbaine de la Grèce, est né en 1905 sur l’île de Syros. Sa voix rocailleuse, sa façon de jouer du bouzouki — l’instrument emblématique de ce genre musical — avec la technique brute et saisissante qui lui est propre, font de lui le « patriarche » du rébétiko. Après sa fuite de Syros, il a travaillé d’abord comme docker dans le port du Pirée, l’un des ports les plus anciens du monde, puis comme dépeceur aux abattoirs. C’est à cette époque qu’il vécut un amour passionnel et destructeur avec sa première femme qui lui inspira plusieurs chansons, et qu’il apprit le bouzouki qui le fit connaître et dont il devint virtuose. Les enregistrements de Markos Vamvakaris marquent le début d’une période d’émergence du genre : ses chansons parlent de l’amour, de la mort, de la prison, de la pauvreté et des rituels du haschisch, qui faisaient partie intégrante des thématiques du rébétiko. Le récit de l’histoire de la vie de Markos, qui revient sur les souvenirs de son enfance à Syros, son arrivée au Pirée coïncidant avec celle des réfugiés d’Asie Mineure, la difficile période de l’occupation nazie et de la guerre civile grecque, ainsi que ses péripéties amoureuses, met en lumière les aspects inconnus du milieu marginal du début du vingtième siècle dans lequel il vécut. À travers cet environnement obscur, Markos a mené une vie sincère et rude, à l’image de ses chansons, mais également une vie de rédemption, comme un véritable artiste dont l’œuvre fut la base sur laquelle la musique grecque moderne s’est bâtie et, par extension, l’échappatoire de tout un peuple, destinée à chasser les peines et les souffrances du quotidien.