A la Maison des Associations la Communauté grecque organise une manifestation avec Yorgos ARCHIMANDRITIS et la participation de pianiste concertiste Rachel MATSA,
Mikis Théodorakis est l’un des plus grands compositeurs du 20e siècle qui a ouvert une voie nouvelle en associant la tradition musicale de la Grèce à la musique symphonique occidentale. Il a composé de nombreuses œuvres pour des films, des ballets, des oratorios et des concertos, et a mis en musique les plus grands poètes, d’Elytis à Neruda, de Ritsos à Lorca. Résistant, il a combattu l’Occupation allemande comme la junte des colonels, et ses engagements lui ont valu la prison, la torture, l’exil. Ιl a toujours rêvé d’une Grèce dont le rayonnement n’aurait pas faibli depuis deux mille ans, et tout dans son parcours tend à rappeler au peuple grec les piliers nationaux que devraient être la démocratie et la culture.
Ce destin exceptionnel nous sera raconté par Yorgos Archimandritis, auteur du Mikis Théodorakis par lui-même (Actes Sud) / Mikis Théodorakis-Ma vie (Editions Patakis). La soirée-hommage au grand compositeur grec comportera des photos provenant de ses archives personnelles, des documents audio-visuels souvent inédits et des témoignages de personnalités illustres qu’il a côtoyées au fil de sa prestigieuse carrière. Elle mettra en relief le fil rouge de la pensée de cet homme qui légendaire, par son immense œuvre artistique, par les souffrances endurées, par ses combats pour plus de tolérance et d’union, a incarné le destin de la Grèce contemporaine, sa quête de la liberté et l’affirmation de son destin culturel.
Ecrivain, auteur de documentaires radiophoniques culturels et journaliste, Yorgos Archimandritis est Docteur en Littérature Comparée de l’université Paris-Sorbonne. Le livre Mot à Mot qu’il co-signe avec Danielle Mitterrand a paru aux éditions Le Cherche-Midi et ses livres Mikis Théodorakis par lui-même et Théo Angelopoulos-Le temps suspendu ont paru aux éditions Actes Sud, ainsi qu’aux éditions Patakis en Grèce. Son livre Mélina-Une star en Amérique sur l’actrice et femme politique Mélina Mercouri a également paru en Grèce aux éditions Patakis. En 2008, il a été nommé Ambassadeur Culturel de la Grèce pour la Présidence Française de l’Union Européenne. En 2010, il a été nommé Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres et, en 2019, il a été promu Officier dans l‘Ordre des Arts et des lettres. En décembre 2020, il a été nommé Ambassadeur Culturel de la Fondation Hellénique pour la Culture à Paris.
Theodorákis Míkis
1925-2021
Né le 29 juillet 1925, sur l’île de Chios, mort le 2 septembre 2021 à Athènes
Il est issu d’une famille aisée. Son père est haut fonctionnaire, il déplace souvent sa famille au gré de ses postes et de la vie politique. Théodorakis commence à composer à l’âge de 13 ans.
Après l’occupation de la Grèce par les troupes nazies, il est arrêté à Tripoli en 1942 par les italiens. Il est de nouveau arrête et torturé l’année suivante. Relâché, il rejoint la Résistance à Athènes, et adhère au Front national de libération. Il arrive à suivre les cours de Philoktitis Economidis au Conservatoire.
Après la libération, il milite dans le mouvement émancipateur issu de la Résistance. Il est souvent arrêté et battu.
La 26 mars 1946, au cours d’une manifestation, il est si violemment battu par les forces de l’ordre, qu’il est considéré comme mort et transporté à la morgue. Il est déporté sur l’île d’Icare en 1947, et en 1948 il est transféré au camps de l’île de Macronissos, où les pires sévices sont infligés aux prisonniers politiques. Il est un des rares à survivre aux tortures, mais après sa libération, obtenue grâce aux interventions de son père et d’amis, il en garde les séquelles pendant une dizaine d’années.
Il obtient son diplôme d’harmonie, de contrepoint et de fugue au Conservatoire en 1950.
En 1953, il éppouse Myrto Altinoglou. Ils obtiennent, tous deux, en 1954, une bourse pour étudier à Paris. Au Conservatoire national supérieur, il suit les cours d’Eugène Bigot et d’Olivier Messiaen, classe qu’il trouve trop mondaine.
Sa suite no 1 pour piano et orchestre est gratifiée d’une médaille d’or au Festival de Moscou, en 1957. Ses musiques pour plusieurs ballets ont un grand écho, à Paris et Londres.
Dans les années 1960, alors qu’il est un jeune compositeur reconnu, il s’intéresse à la musique traditionnelle de la Grèce. Il compose Lipotaktes (Le Déserteur), sur un poème de son frère Yannis, et Epitaphios sur des poèmes de Yannis Ritsos.
Il a composé en tout, plus de mille mélodies sur des poètes grecs mais aussi sur des poèmes de Pablo Neruda et de Gardia Lorca.
Lorsque le député de gauche Grigoris Lambrakis est assassiné par deux activistes d’extême droite avec la complicité de la police, en mai 1963, Théodorakis prend la tête du mouvementt de la Jeunesse démocratique Lambrakis, qui devient un puissante organisation politique. Élu au parlement, avec les « Lambrakidès », il s’emploie à promouvoir la culture grecque, en insufflant la construction de nombreux centres culturels (plus de 200), et en composant de nombreuses œuvres sur des textes de poètes grecs.
Après le coup d’état des colonels, dirigé par le colonel Papadopoulos, Théodorakis entre à nouveau dans la clandestinité. Il est arrêté le 21 août 1967, puis placé en résidence surveillée, banni à Zatouna, village des Arcadies, déporté au camp de concentration d’Oropos, et exilé, à la suite d’un important mouvement international en sa faveur, où l’on trouve les noms de Dmitri Chostakovitch, Leonard Bernstein, Arthur Miller ou encore Harry Belafonte.
Il arrive à Paris le 13 avril 1970 (sa famille s’échappera clandestinment et le rejoindra peu après), et continue son combat politique à la tête du Front Patriotique, et par de nombreuses tournées de concerts.
Il entre triomphalement en Grèce en 1974, mais ses positions modérées lui valent les critiques de la gauche. Il revient à Paris en 1980, et se tourne de nouveau vers la composition d’œuvres symphoniques.
Il achève la composition du Canto General sur le poème de Pablo Neruda, qu’il a connu lors de son premier exil, compose la musique du film Zorba le Grec, et celle d’Axion Esti, qui lui valent la célébrité mondiale.
Il est de nouveau élu au parlement en 1981, milite pour un large front de la droite au parti communiste, pour s’opposer au gouvernement corrompu d’Andrea Papandreou. Après les élections de 1990, il est ministre d’État sans portefeuille du gouvernement Mitsotakis. Il quitte le gouvernement en 1992, il dirige pendant deux années les chœurs et les orchestres de la radio et télévision nationales. Il reprend un rythme soutenu de compositions et de créations.
Il a reçu, dans le monde entier une grande quantité d’honneurs et de Prix. Il est docteur honoris causa des universités de Montréal, de Salonique, de Crète, d’Istanbul. Il a été élevé au grade de Grand officier de l’ordre du mérite du Grand duché de Luxembourg en 2005. En France, au grade de commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur en 2007.
Theodorakis au Théâtre Herode Attikus septembre 2007
Catalogue des œuvres
Cycles de chansons
Epitaphios, Archipelagos, Politia, Epiphania, L’Otage, Mykres Kyklades, Mauthausen, Romiossini, Le Soleil et le Temps, Chansons pour Andreas, Mythologie, Nuit de Mort, Ta Lyrika, Les Quartiers du Monde, Dionysos, Phaedra, Mia Thalassa, Poetica (Lyricotera, Lyricotata), Erimia, Odysseia…
- 1942, Sonatine, pour piano
- 1945, Élégie n° 1, pour violoncelle et piano
- 1945, Élégie n° 2, pour violon et piano
- 1946, Duetto, pour 2 violons
- 1946, Quatuor à cordes n° 1
- 1946, To Kimitiro (Le Cimetière), quatuor à cordes
- 1947, Onze Préludes, pour piano
- 1947, Sextuor, pour piano, flûte et quatuor à cordes
- 1947, Trio, pour violon, violoncelle et piano
- 1949, Étude, pour deux violon et violoncelle
- 1952, Concerto pour piano; « Hélicon »
- 1952, Sonatine n° 1, pour violon et piano
- 1952, Syrtos Chaniotikos, pour piano et percussions
- 1953, Carnaval grec, pour une chorégraphie: Rallou Manou
- 1953, Symphonie n° 1, « Proti Simfonia »)
- 1955, Passacaglia, pour deux pianos
- 1955, Petite Suite, pour piano
- 1955, Sonatine, pour piano
- 1957, Musique pour « Intelligence Service » (Ill Met by Moonlight) film de Michael Powell et Emeric Pressburger
- 1958, Concerto pour piano
- 1958, Le Feu aux poudres, pour une chorégraphie de Paul Goubé, avec Ludmila Tcherina
- 1958, Les Amants de Téruel, pour une chorégraphie de Milko Sparembleck
- 1958, Sonatine n° 2, pour violon et piano
- 1959, Antigone, pour une chorégraphie de John Cranko
- 1959, Musique pour « Lune de miel » (Luna de miel) film de Michael Powell
- 1959–1960, Phinisses (Euripide)
- 1960, Axion Esti (Odysséas Elýtis)
- 1960, musique pour « Faces in the Dark », film de David Eady
- 1960-1961 / 1992, To Tragoudi Tou Nekrou Adelfou (Ballade du frère mort), tragédie musicale, sur un poème de Mikis Theodorakis
- 1960–1961, Ajax (Sophocle)
- 1961, Enas Omiros (L’Otage), drame de Brendan Behan
- 1961, Musique pour « Le Spectre du chat » ( Shadow of the Cat), film de John Gilling
- 1961-1962, Omorphi Poli (Belle Cité), revue musicale
- 1962, Musique pour « Electre », film de Michael Cacoyannis
- 1962, Musique pour « Le Couteau dans la plaie », film d’Anatole Litvak
- 1962, Musique pour « Les Amants de Téruel «, film de Raymond Rouleau
- 1962, Musique pour « Phaedra », film de Jules Dassin
- 1963, I Gitonia ton Angelon (Le Quartier des Anges), comédie musicale, sur un livret de Iacovos Kabanellis
- 1963, Magiki Poli (Cité enchantée), revue musicale, livret de Theodorakis, Pergialis, Katsaros
- 1963, Musique pour « Siniko tichos » (Le Mur de Chine), drame de Max Frisch
- 1964, Musique pour « Zorba le Grec » (Zorba the Greek), film de Michael Cacoyannis
- 1967, Epiphania Averoff, sur un poème de Giorgos Séféris
- 1967, Musique pour « Le Jour où les poissons sont sortis de l’eau »film de Michael Cacoyannis
- 1969, La Marche de l’Esprit, sur un poème d’Angelos Sikelianos
- 1969, État de Siège, sur un poème de Rena Hadjidakis)
- 1969, Musique pour « Z », film de Costa-Gavras
- 1970, Hymne pour Nasser
- 1971, Antigoni stin Filaki (Antigone en Prison), drame de Yánnis Rítsos
- 1971, Musique pour « Les Troyennes », film Michael Cacoyannis
- 1971-1982, Canto General, sur un poème de Pablo Neruda)
- 1972, Antigone en prison, pour une chorégraphie de Micha van Hoecke
- 1972, Musique pour « État de siège », film de Costa-Gavras
- 1973, Hymne pour le Mouvement socialiste du Venezuela
- 1973, Hymne pour les Étudiants. Dédié à l’École Polytechnique d’Athènes
- 1973, Musique pour « Serpico », film de Sidney Lumet
- 1974, Musique pour « La Répétition », film de Jules Dassin
- 1974, Musique pour « Prodomenos Laos » (Peuple trahi), de Vangelis Goufas
- 1975, Musique pour «Christophorus Kolumbus », drame de Níkos Kazantzákis
- 1975, Musique pour « Das Sauspiel », tragi-comédie de Martin Walser
- 1975, Musique pour « Echtros Laos » (Peuple ennemi), drame de Iakovos Kabanellis
- 1976, Musique pour « Kapodistrias », drame de Níkos Kazantzákis
- 1977, Hymne du Parti Socialiste Français
- 1977, Iketides (Les Suppliantes d’Euripide)
- 1977, Musique pour « Iphigénie », film de Michael Cacoyannis
- 1977, Musique pour « O Allos Alexandros » (L’autre Alexandre), drame de Margarita Limberaki
- 1978, Hymne pour Malte
- 1978, Musique pour « Polites B’ Katigorias » (Citoyens de 2e classe), drame de Brian Friel
- 1979, Musique pour « Caligula », drame d’Albert Camus
- 1979, Elektra, pour une chorégraphie de Serge Kenten
- 1979, Ippies (Aristophane)
- 1979, Musique pour « Papflessas », pièce de Spiros Melas
- 1980, Musique pour L’Homme à l’œillet, film de Nikos Tzimas[36]
- 1980, Musique pour « Periclès », tragédie deWilliam Shakespeare
- 1981, Symphonie n° 2 « Le Chant de la Terre », avec un texte de Mikis Theodorakis, pour chœur d’enfants, piano concertant et orchestre
- 1981, Symphonie n° 3, avec des textes de D. Solomos, K. Kavafis, des Hymnes byzantins, pour soprano, chœur et orchestre
- 1981-1982, Kata Saddukaion Pathi (Passion des Sadducéens, poème de Michalis Katsaros, pour ténor, baryton, basse, chœur et orchestre
- 1982, Hymne de l’OLP
- 1982, Liturgie n° 2 pour chœur a cappella, « Aux Enfants tués dans les guerres », textes de Tassos Livaditis, Mikis Theodorakis
- 1982-1983, Lorca, pour voix, guitare solo, chœur et orchestre, d’après le « Romancero Gitan »
- 1983, Sept Danses grecques, pour une chorégraphie de Maurice Béjart
- 1983, Symphonie n° 7, « du Printemps », avec des textes de Yánnis Rítsos, Yorgos Kouloukis, pour 4 solistes, chœur et orchestre
- 1984-1985, Kostas Karyotakis, opéra
- 1986-1987, Symphonie n° 4, « Des chœurs », pour soprano, mezzo soprano, récitant, chœur et orchestre symphonique sans cordes.
- 1986-1988, Orestie, Agamemnon – Choéphores – Euménides (Eschyle)
- 1987, Hekabe (Euripide)
- 1987-1988, Zorba le Grec, pour une chorégraphie de Lorca Massine
- 1988-1990, Medea, opéra
- 1989, Choros Asikikos (Danses galantes), pour violoncelle seul
- 1990, Antigone (Sophocle)
- 1990, Les enfants, Les bourgeons pour le chanteur-poète kabyle Lounis Aït Menguellet.
- 1991, Hymne des Compétitions Méditerranéennes de 1991
- 1992, Canto Olympico, pour piano solo, chœur et orchestre
- 1992, Hellénisme, hymne grec pour l’ouverture des Jeux Olympiques de Barcelone
- 1992, Promithefs Desmotis (Prométhée echaîné, d’Eschyle
- 1992-1993, Electra, opéra
- 1994, Macbeth, tragédie de William Shakespeare
- 1995-1997, Antigone, opéra
- 1996, Oidipus Tyrannos (Œdipe le Tyran de Sophocle)
- 1996, Rhapsodie pour guitare et orchestre
- 1997, Rhapsodie pour violoncelle et orchestre
- 1999-2001, Lysistrata, opéra
- 2001, Médée (Euripide)
- 2007, East of the Aegean (À l’Est de l’Egée), cycle pour piano et violoncelle
- 2008, Rhapsodie pour trompette et orchestre
Écrits
Journal de Résistance. Flammarion, Paris 1971
Culture et dimensions politiques (préface par Roger Garaudy). Flammarion, Paris 1972
Les Fiancés de Pénélope. Entretiens avec Denis Bourgeois (préface par François Mitterrand). Grasset, Paris 1976
Les Chemins de l’Archange (traduction de Pierre Comberousse). Belfond, Paris 1989
Staline, Debussy et Dionysos : Les Chemins de l’Archange (2) (traduction de Pierre Comberousse). Belfond, Paris 1990
Dans les jardins paradisiaques de mon crâne (poèmes). Édition bilingue français-allemand (traduction française par Héraclès Galanakis et Guy Wagner ; traduction allemande par Ina & Asteris Koutoulas. Dessins de Theodorakis). . Éditions Phi, Luxembourg 2001
Bibliographie
- Coubard Jacques, Mikis Théodorakis, ou la Grèce entre le rêve et le cauchemar. Julliard 1970
- Pierrat Gérard, Théodorakis, le roman d’une musique populaire. « Folk and Rock », Albin Michel, Paris 1976
- Wagner Guy, Mikis Theodorakis : Une Vie pour la Grèce, Éditions Phi, Luxembourg 2000
- Entretien avec Míkis Theodorákis. Radio Suisse Romande. Plateau libre, 5 septembre 1973, durée 14’20 », émission réalisée par Liliane Annen [accessible dans le site de la TSR le 9 novambre 2009].
Jean-Marc Warszawski
2002
Révision 9 novembre 2009
Remise en page, vérification des médias, 7 février 2019.
Musicologie.org, 56 rue de la Fédération, 93100 Montreuil. ☎ 06 06 61 73 41
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