Communauté grecque des Alpes-Maritimes

Le latin et le grec ancien sont omniprésents dans notre quotidien…

Les langues classiques n’ont pas dit leur dernier mot et il n’est jamais trop tard pour s’y mettre.

Le coronavirus qui nous obsède depuis un an ? Un terme d’origine latine. La langue des personnages romains dans la série Barbares de Netflix ? Du latin. Tout comme celle du Petit Nicolas, qui lance désormais un flamboyant « Glaucops est ! » (« C’est chouette ! », en latin dans le texte). Harry Potter ? Traduit lui aussi en latin et en grec, mais surtout pétri de références antiques. Et quid des vestales de la maison de haute couture Fendi qui défilent sur le mont Palatin à Rome, de Beyoncé qui réinterprète Alexandre le Grand dans un clip ou du surnom de notre président, Emmanuel « Jupiter » Macron ?

Les références culturelles à l’Antiquité sont partout, y compris là où on les y attend le moins. Mythologie, ­locutions, héritage linguistique, rhétorique… Sans connaître a minima quelques notions de ces langues anciennes et des références qui y sont associées, difficile d’être à la page. Pourtant, elles ont bien failli disparaître : pendant près de trois mille ans, elles ont été chahutées par les conquêtes et les civilisations qui leur ont succédé. Mais elles ont résisté. La culture antique est comme notre capi­tale : « Fluctuat nec mergitur » ( « Battue par les flots, mais ne sombre pas »).

Quand on les pense en déclin, voici ces langues qui rappliquent sans crier gare. Et incarnent la modernité. Embrassons-les ! « Mieux vaut tard que jamais », comme dirait Denys d’Halicarnasse, rhéteur et historien grec du Ier siècle avant notre ère. Les déclinaisons, si emblématiques du cauchemar des apprentis latinistes et hellénistes, ne sont pas un obstacle. Soyez curieux, et la corne d’abondance des plaisirs de l’Antiquité ne se tarira jamais. Longue vie aux langues mortes !

Une nouvelle option « français et culture antique » sera expérimentée en 6e à la rentrée.
Jean-Michel Blanquer,  ministre de l’Éducation nationale explique:

Ce nouvel enseignement optionnel sera ouvert à tous les élèves des collèges concernés, même à ceux qui ne souhaiteront pas poursuivre l’étude des langues et cultures de l’Antiquité en 5e. Son objectif est de conforter et développer leurs apprentissages en français à travers l’étude comparée du latin et du grec : c’est pourquoi j’ai souhaité que l’on utilise l’expression de culture antique, qui renvoie aussi bien au latin qu’au grec, à la langue qu’à la littérature.

Pendant ces deux heures d’enseignement, les élèves étudieront comment certaines caractéristiques de notre grammaire émanent du latin, combien de nos mots français sont fondés sur le substrat des langues anciennes. Ils consolideront ainsi leur maîtrise de la grammaire française et enrichiront leur vocabulaire, et ce toujours selon une double finalité : mieux comprendre, mieux s’exprimer. Cet enseignement est donc la continuation, approfondie et élargie, de la priorité que j’ai donnée à l’acquisition des fondamentaux lire et écrire. Pascal Charvet affirme que passer par le latin, la langue maternelle du français, c’est remonter la montre de la langue pour mieux la faire tourner : je fais totalement mienne cette métaphore.

J’ajoute un troisième volet à cet enseignement : la découverte de la culture antique, dans ses résonances avec la nôtre. Car notre humanisme contemporain doit puiser dans le passé – c’est l’étymologie même du mot respect – pour se saisir lui-même dans son cheminement et sa complexité et construire l’avenir. L’élève a besoin d’ancrage et d’élévation. Nous devons lui donner des racines et des ailes.

Pourquoi ne pas le rendre obligatoire en 6e, pour que chacun puisse s’y initier ?

Il faut passer par des étapes. En ce domaine, bien des contraintes doivent être prises en compte. Mais vous le savez, des approches de la langue latine dans sa relation au français, la découverte des textes latins sont déjà proposées en cours de français, et ce dès la classe de 6e : ces aspects seront confortés, prolongés et accentués par la création de l’enseignement optionnel de français et culture antique.

Qu’allez-vous faire pour le grec, qu’on ne peut pas étudier avant la 3e, alors que depuis la Renaissance, ces deux langues ont été apprises ensemble ?

Voilà quelques années désormais que l’apprentissage du grec n’est proposé en effet qu’à partir de la classe de 3e. L’amorcer en amont est une piste à laquelle je réfléchis. Mais là encore, bon nombre d’éléments relatifs au grec sont abordés, les uns en cours de français, tant en littérature, en culture de manière générale qu’en langue, d’autres en cours de latin selon une dynamique féconde de confrontation. Une expérimentation a par ailleurs été lancée depuis plus de deux décennies et s’est depuis sensiblement développée : l’enseignement conjoint des langues anciennes, qui permet aux élèves d’appréhender de manière simultanée les deux langues et ainsi de cultiver leur esprit d’analyse et de comparaison. Je souhaite développer cette action.

La vocation de professeur de lettres classiques est un peu en crise, non ? Alors comment y remédier ?

Il est vrai que les lettres classiques constituent l’une des disciplines qui connaissent des difficultés de recrutement. Mais je suis totalement convaincu de leur importance et je me battrai pour les défendre, pour réenchanter les langues anciennes. Cela suppose des actions à plusieurs niveaux : d’abord au lycée et dans l’enseignement supérieur, en offrant la possibilité de parcours plus variés, au lycée dans les associations de spécialité, à l’université par exemple avec les doubles licences ou les licences d’humanités. Je souhaite par exemple que, dans les prochaines années, l’on reconnaisse pleinement le profil d’un élève ayant choisi la spécialité LCA et souhaitant poursuivre ses études en droit. Ce nouvel enseignement du lycée représente aussi un vivier très riche de futurs professeurs de lettres classiques.

Le latin et le grec ne peuvent-ils pas contribuer aussi à montrer qu’avant les monothéismes, d’autres courants de pensée ont existé et que les connaître, c’est s’enrichir ?

Bien sûr, c’est là un enjeu primordial et je souhaite que l’enseignement optionnel de français et culture antique intègre pleinement cette ambition. La mythologie gréco-romaine est d’une richesse incroyable en ce domaine et permet aux élèves d’appréhender par le récit des questions fondamentales : ils pourront les comparer, les confronter à d’autres textes, notamment religieux, à des tableaux… Qu’on songe par exemple aux récits de création, à l’intérêt de comparer des extraits d’Ovide et de la Genèse. Ainsi, l’élève acquerra les fondamentaux d’une conscience humaniste lui permettant d’enrichir son propre chemin dans les options métaphysiques libres qui sont les siennes. Notre civilisation est née d’un croisement incroyablement fructueux entre la culture gréco-latine et la culture judéo-chrétienne. Cette dialectique a permis d’atteindre des sommets de foi et des sommets de scepticisme. Elle est à la source aussi bien des cathédrales que de la philosophie des Lumières. Quand l’obscurantisme religieux menaçait, les plus grands penseurs d’Occident ont puisé dans les sources gréco-latines les ferments de la Renaissance. L’héritage gréco-latin nous a dotés d’une quille pour notre vaisseau collectif. C’est plus utile que jamais quand souffle la tempête.


  Le latin et le grec au collège

Depuis la rentrée 2017, l’enseignement du latin et du grec est renforcé :

  • en cinquième, les collèges peuvent proposer jusqu’à 1 heure hebdomadaire d’un enseignement de latin et/ou de grec
  • en quatrième et en troisième, jusqu’à 3 heures hebdomadaires peuvent être consacrées à cet enseignement

Ils sont proposés dans le cadre d’un enseignement facultatif.

À la rentrée 2018, 45 218 élèves supplémentaires suivent un enseignement de LCA au collège par rapport à la rentrée 2016, soit une hausse de 11% des effectifs.

Le latin et le grec au lycée général et technologique

À la rentrée 2018, 81 257 lycéens suivent un enseignement de latin et/ou de grec ancien.

Avant la mise en place du nouveau lycée

6 heures :

  • Série L uniquement : un enseignement obligatoire de LCA possible (dans 13% des lycées) : 3h
  • Option LCA, dans la plupart des lycées (bonus au baccalauréat pour les notes au-dessus de la moyenne) : 3h

Après la mise en place du nouveau lycée

9 heures au maximum :

  • Enseignement de spécialité littérature et LCA (dans 26% des lycées) :
    – en première : 4h
    – en terminale + 2h
  • Option LCA, dans la plupart des lycées (bonus au baccalauréat pour les notes au-dessus de la moyenne) : 3h

Quelques liens intéressants .